Le rouge et le noir
Le
roman compte deux parties : la première retrace le parcours provincial
de Sorel, son entrée chez les Rênal, et la montée de ses ambitions au
séminaire, et la seconde la vie du héros à Paris comme secrétaire de M.
de La Mole et son déchirement entre ambitions et sentiments.
1ère partie:
Aussitôt,
Stendhal plante avec précision le décor de la petite ville de derrières
sur le Doubs et la situation sociale et politique, définissant
l'atmosphère dans laquelle se forme l'état d'esprit du héros. Julien
Sorel est le troisième fils du vieux Sorel, scieur, qui n'a que mépris
pour les choses intellectuelles et donc pour Julien qui se révèle très
tôt doué pour les études. Au contraire de ses frères, le garçon n'est
pas taillé pour les travaux de force, et sa curiosité le pousse à
s'instruire par tous les moyens
possibles (ce que le père Sorel appelle flâner).
Si
le jeune garçon peut réciter par cœur le Nouveau Testament, s'il
bénéficie de la protection du curé de son village, le curé Chélan, il
connaît aussi tous les détails du Mémorial de Saint-Hélène,car
paradoxalement il voue une admiration sans bornes à Napoléon Bonaparte
qu’il considère tout à la fois comme un Dieu et comme un modèle de
réussite. Malmené dans sa famille qui le tourne sans cesse en dérision
ou lui fait subir des violences, il est protégé par le curé Chélan qui
le recommande au Maire de Verrières, Monsieur de Rênal, comme
précepteur de ses enfants, puis le fait entrer au séminaire.
Ce sont
là les débuts de Julien dans le monde de l'aristocratie de province.
Malgré sa timidité naturelle, il parvient peu à peu à séduire Mme de
Rênal, jeune femme assez belle, mais également d'une naïve timidité. La
vie de Sorel chez les Rênal est donc marquée par sa vive passion pour
Mme de Rênal et par son ambition démesurée. Il rêve de devenir une
sorte de nouveau Napoléon Bonaparte. Sa vie est donc dominée par
l’hypocrisie . Au "château" de Monsieur de Rênal, il doit cacher ses
sentiments pour la maitresse de maison, et au curé Chélan son
admiration pour Napoléon.
Au château, le jeune homme gagne rapidemment le coeur des enfants et
il prend l'habitude de passer ses soirées d'été en compagnie de Mme de
Rênal
qu'il surprend agréablement lorsqu'elle tente de lui faire un cadeau.
La fierté du jeune homme plaît à cette provinciale rêveuse, qui tombe
amoureuse de lui sans s'en rendre compte. Mais le tempérament fier et
ombrageux de Julien va bientôt tout gâcher : il refuse une augmentation
de salaire proposée par Monsieur de Renal et repousse les avances
d'Élisa, femme de chambre de madame de Rênal.
Élisa s'étant
empressée de faire courir une rumeur (fondée) sur les sentiments qui
animent sa maîtresse et Julien, les jaloux commencent à
jaser à Verrières (Julien était devenu un homme à la mode) et du coup,
Monsieur
de Rênal reçoit une lettre anonyme dénonçant l'adultère de sa femme.
Bien que ces racontars lui apparaissent fantaisistes, le maire de
Verrières décide de se séparer de son précepteur. Julien, sur les
conseils de l'abbé Chélan, quitte le domaine des Rênal et entre au
grand séminaire de Besançon.
Avant de partir, il a une dernière entrevue avec Madame de Rênal qui
lui
paraît très froide alors qu'elle lui porte toujours un amour profond.
De là le malentendu qui aboutira à la tragédie. Julien l'impatient
confond réserve et indifférence.
Au séminaire de Besançon, Julien
est haï par ses camarades, des espèces de paysans affamés dont
l'aspiration suprême est "le lard aux œufs du dîner" ; il y fait la
rencontre de l’Abbé Pirard qui percevra bien son ambition, mais qui le
protégera aussi. Il passera bien des moments pénibles jusqu'au jour où
l'abbé Pirard lui propose de devenir le secrétaire du Marquis de La
Mole. Il part alors pour Paris afin de prendre ses fonctions auprès de
l'illustre aristocrate.
2ème partie:
Le marquis de La
Mole, personnalité influente du faubourg Saint-Germain, remarque très
vite l'intelligence de Julien, qui fait aussi la connaissance de
Mathilde, la fille du marquis, une personnalité remarquable et
remarquée de la jeunesse aristocratique parisienne. En dépit de ses
nombreux prétendants de haut rang et des origines modestes de Julien,
elle ne tarde pas à s'éprendre de lui, en qui elle voit une âme noble
et fière ainsi qu'une vivacité d'esprit qui tranche face à l'apathie
des aristocrates de son salon.
Une passion tumultueuse commence alors entre les deux jeunes gens.
Elle
lui avouera ensuite qu'elle est enceinte et prévient son père de son
souhait d'épouser le jeune secrétaire. Mathilde ne réussira pas à
convaincre tout à fait son père de la laisser épouser Julien, mais,
dans l'attente d'une décision, le marquis fait anoblir Julien et lui
procure un poste de lieutenant de hussards à Strasbourg. Le fils de
charpentier devient ainsi M. le chevalier Julien Sorel de La Vernaye.
C'est
alors que Mathilde de La Mole appelle son amant à la rejoindre
expressément à Paris : le marquis de La Mole refuse catégoriquement
toute idée de mariage depuis qu'il a reçu une lettre de Madame de Rênal
dénonçant (sur conseil impérieux de son confesseur) l'immoralité de son
ancien
amant rongé par l'ambition. Julien, impavide, se rend alors de Paris à
Verrières, entre dans l'église et tire à deux reprises, en pleine
messe, sur son ancienne maîtresse. Il ne se rend alors pas compte qu'il
n'est pas parvenu à la tuer.
Julien attend ensuite en prison la date
de son jugement, prison où Mathilde passe le voir une fois par jour
mais dont les poussées d'héroïsme finissent par lasser son amant.
Mathilde de La Mole, sous un pseudonyme d'abord, puis sous son vrai nom
ensuite, multiplie les tentatives pour le faire acquitter, notamment en
faisant miroiter à l'ecclésiastique le plus influent de Besançon un
poste d'évêque.
Simultanément, Madame de Rênal tente de faire pencher le procès en
faveur de Julien en écrivant aux jurés que ce serait une faute et qu'elle lui pardonne volontiers son geste « maladroit ».
Malgré
une opinion publique acquise à la cause du jeune Sorel, M.Valenod (qui
fait partie du jury) parvient à faire condamner Julien à la guillotine,
notamment à cause d'un discours provocant dénonçant les castes et
l'ordre établi. À l'issue de la sentence, Mathilde et Mme de Rênal
espèrent encore un recours en appel, mais Julien ne voit pas d'autre
issue que le couperet. Madame de Rênal, qui s'est installée à Besançon
malgré les réticences de son mari, est parvenue à obtenir
l'autorisation d'aller voir Julien, qui retrouve pour elle une passion
sans bornes. Malgré tous les sacrifices qu'elle est prête à consentir,
Julien se résigne à la mort.
Juste après l'exécution de Julien,
Fouqué (son ami de toujours) rachète son corps au bourreau. Mathilde
demande à voir la tête du père de son enfant, puis empoigne la tête de
Julien et l'embrasse au front.
Elle enterrera elle-même la tête à
côté de sa tombe, dans une grotte située non loin de Verrières où
Julien avait l'habitude de s'installer. Leur enfant aurait dû être pris
en charge par Mme de Rênal, mais celle-ci meurt trois jours après
Julien.